Bande de filles | Fiche pédagogique interactive

Fiche technique

Réalisation : Céline Sciamma
Scénario : Céline Sciamma
Photographie : Crystel Fournier
Musique : Para One
France – 2014 – 1h52

Interprétation
Marieme / Vic : Karidja Touré
Lady : Assa Sylla
Adiatou : Lindsay Karamoh
Fily : Mariétou Touré

Synopsis
Marieme vit ses 16 ans comme une succession d’interdits. La censure du quartier, la loi des garçons, l’impasse de l’école. Sa rencontre avec trois filles affranchies change tout. Elles dansent, elles se battent, elles parlent fort, elles rient de tout. Marieme devient Vic et entre dans la bande, pour vivre sa jeunesse.

PRÉPARER LA PROJECTION

La banlieue dans le cinéma français

Depuis les années 50, la banlieue a constitué un terrain privilégié d’exploration pour le cinéma. Si les réalisateurs ont souvent choisi de la représenter sous des aspects plutôt négatifs, on constate cependant au fil des décennies une évolution dans laquelle s’inscrit pleinement Bande de filles.

Questions
– Quels sont les éléments visuels et les thématiques caractérisent la représentation de la banlieue française ?
– Montrer après le visionnage du film que Céline Sciamma reprend bon nombre d’éléments typés de la banlieue. Comment son film s’éloigne-t-il pourtant des clichés ?

Ressource complémentaire
  Métropop’ : 50 ans de banlieue au cinéma
  Mubi : banlieue et cités françaises au cinéma

Les formats d’image

Céline Sciamma a fait le choix du format de projection CinemaScope (2.35). C’est l’occasion de découvrir les principaux
formats d’image utilisés au cinéma depuis les origines et de s’interroger sur les raisons qui ont pu pousser la réalisatrice à choisir ce format pour Bande de filles. La directrice de la pphotographie des films de Céline Sciamma explique dans un entretien les motivations de ce choix.
 Transmettre le cinéma : le format de projection

ANALYSE DU FILM

Une mise en scène stylisée

Céline Sciamma traite son sujet avec une grande stylisation. Si elle entend filmer certaines réalités de l’univers des banlieues, ce ne sera pas sur le mode réaliste. La première séquence devient ainsi le « programme du film ». Mais la réalisatrice précise : « On n’est pas dans une théorisation, pas dans un discours, mais bien dans une scène de cinéma, avec ses sensations. On est dans quelque chose d’assez épidermique pour le spectateur qui ressent les choses, grâce aux outils du cinéma, avec le son, l’image, et surtout une ambiance nocturne, quasi de film fantastique. »

Questions pour les élèves
Observer le traitement du son, des couleurs et de l’espace dans les deux scènes :
– Quels contrastes pouvez-vous mettre en évidence ?
– En quoi ces deux scènes annoncent-elles la suite du film ?

Entrer dans le champ

Le hors-champ régit la rencontre avec la bande. La réalisatrice crée du sens par l’inscription ou non des personnages dans le cadre. Dans la  scène précédente, Marieme sort furieuse d’un entretien d’orientation avec son professeur principal : l’interlocutrice reste invisible, en hors-champ, montrant l’impossibilité du dialogue, et d’émancipation par les études pour l’héroïne. La scène de rencontre suit immédiatement ce constat d’échec comme s’il existait un lien  de causalité directe entre l’absence de perspective scolaire et d’intégration sociale et l’entrée dans un gang.

Propositions d’activités
– Montrer comment la réalisatrice utilise le hors-champ dans cette séquence pour souligner les émotions et les motivations des personnages.
– Qu’est-ce qui motive réellement Marieme à intégrer la bande de filles ?

L’espace de la banlieue

« J’ai visité beaucoup de quartiers, parce que j’avais envie d’une dalle, d’un quartier piétonnier, d’une ligne d’horizon, et de la tour Eiffel pas loin. Par ailleurs, les propriétés graphiques de la banlieue sont très grandes, parce qu’on y trouve des utopies d’architectes sorties d’un seul coup de terre dans les années 1960-70, et il y a beaucoup de pensée à l’oeuvre. Quand on pose sa caméra en banlieue, on filme des lignes de fuite, des façons de circuler, comment on se retrouve, comment on est seul. ». Céline Sciamma

Propositions d’activités
– Repérez par quels procédés la réalisatrice donne à voir la maîtrise de l’espace par la bande de filles.
– Repérez comment l’intégration progressive de Marieme dans la bande se manifeste visuellement.
– Quels objets importants pour la suite du film font-ici leur première apparition ?

Prolongement
– Montrez comment la séquence de reprise de Diamonds de Rihanna scelle définitivement l’intégration de Marieme dans la bande.

Scènes miroirs

Le film est construit en cinq actes comme une pièce de théâtre classique. Il suit la trajectoire d’une héroïne qui se cherche. Beaucoup de scènes se répondent et fonctionnent en « miroirs » les unes des autres dans un effet de spirale ou de vertige à travers lequel évolue le personnage principal dans une quête d’émancipation qu’elle a beaucoup de mal à accomplir.

Propositions d’activités
– Faire la liste des séquences qui se répètent ou se répondent dans Bande de filles.
– Ces scènes sont-elles à chaque fois tout à fait identiques ?
– Comment la deuxième séquence des filles à l’hôtel donne-t-elle à voir l’évolution du personnage principal par rapport à la bande ?

Ressources complémentaires
  Tableau 1 : la construction en miroir des cinq actes
  Tableau 2 : effets miroirs et correspondance à travers le film

Ressources complémentaires

  CNC : livret enseignant
  Wikipédia : Bande de filles
 Daily Movies : interview de la réalisatrice
  Ciné-club de Caen : la banlieue française
  France Culture : mais qu’est-ce qu’un film de banlieue ?
  AFECCAV : le cinéma de banlieue, un genre instable

Texte : Frédéric Hanou | Coordination éditoriale : Renaud Prigent | Publication : Café des Images