Lycéens et apprentis au cinéma en Normandie

L’Atelier critique propose aux élèves de Normandie de publier des travaux critiques dans le cadre de l’opération Lycéens et apprentis au cinéma en Normandie. Articles, débats audio, critiques vidéo et créations graphiques sont mis en ligne par les enseignants inscrits afin de permettre aux élèves de partager leur expérience de spectateur et de mettre en débat leurs réflexions sur les films.

Sentiers de la gloire

Stanley Kubrick - Etats-Unis - 1957

Critique publiée par Sacha - le 28/01/2018
Seconde 510, Lycée Le Verrier,
Saint-Lô

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Les Sentiers de la Gloire

Les Sentiers de la Gloire, réalisé par Stanley Kubrick, est sorti en 1957 aux Etats-Unis et en Europe, excepté en Belgique, en Suisse et en France. Ce film sera publié dans notre pays en 1975. Il était censuré, cause de ce retard, car il critique les généraux.

Des immenses châteaux aux minuscules tranchées ce long métrage va se dérouler . Il est introduit par une discussion importante entre le Général Mireau et le Général Broulard, qui sera déterminante par la suite... Mireau, le balafré, a pour mission d’ordonner à ses troupes de prendre la Fourmilière, un territoire possédé par les Allemands qui est très difficile d’accès. En échange il aura une promotion. Il s’en va donc faire part de cette mission décisive dans cette guerre au Colonel Dax, chef des tranchées, qui ne semble pas convaincu de cette dangereuse épreuve qui va comme il le dit, lui faire perdre plus de la moitié de ces soldats. N’ayant pas le choix, l’opération s’effectue, mais pas comme prévu... Une partie des soldats ne sont pas sortis des tranchées, ce qui fait rebrousser chemin aux autres soldats y compris le vaillant Colonel Dax interprété par l’acteur célèbre Kirk Douglas. Mireau l’expérimenté, voyant ce refus de combattre, est fou de rage. Il ordonne à l’artillerie de tirer sur les troupes françaises qui n’ont pas quitté les tranchées ! Considérant que c’est un acte de lacheté envers la nation, Mireau décide de fusiller un soldat dans chaque régiment. Ces condamnés seront tirés au sort. Ils crient à l’injustice car ils n’ont pas eu peur mais ils ont reculé car ils n’avaient pas d’autre choix. Ces trois soldats subissent un faux procès, dans lequel les règles fondamentales ne seront même pas lues. Le Colonel Dax prend la défense des accusés, réussira-t-il à remporter cette audiance.
Le style Stanley Kubrick se voit dès le début de la projection avec la Marseillaise qui se dégrade à la fin, cela nous montre les querelles entre les généraux français et les soldats qui ne sont pas soudés et unis. Juste après cet hymne, des jardins symétriques apparaissent et on voit des rangées de soldats marcher vers le château qui lui aussi est symétrique. Ces deux rangées de soldats s’écartent et s’arrêtent en se regardant face à face ce qui montre ce qui va se passer dans le film, c’est-à-dire une guerre entre deux pays. Kubrick met en évidence les lieux pour montrer les différences entre les grades, les châteaux imposants avec leurs portes de trois mètres de haut pour les haut-gradés, puis les tranchées humides avec leurs petites entrées dans lesquelles on est obligés de se baisser pour y entrer pour les combattants. Il y aussi les bombardements qui s’opposent à la musique des bals. Cela aussi montre le confort et l’inconfort entre ces deux catégories. On en vient à une scène des plus marquantes, le travelling arrière dans les tranchées. Dans les premières minutes du film, Mireau se rend dans ces fossés pour motiver les guerriers, il marche en s’arrêtant parfois pour parler à un soldat. Pendant ce trajet, il est filmé en travelling arrière. C’est pour le mettre en valeur contrairement aux autres et aussi pour montrer qu’ils se dirigent vers l’échec. Le réalisateur américain joue également avec la musique et les percussions. Dès que Mireau interroge un soldat et lui demande : « Alors, prêt à tuer d’autres allemands ? » on entend tout de suite des bombardements allemands qui surgissent pour faire part de la difficulté des diverses actions qui vont avoir lieu. Dans le « faux » procès, Kubrick joue avec l’ombre en emprisonnant Dax par le quadrillage des fenêtres de la pièce, ce plan nous annonce que Dax va perdre ce procès. Quand les accusés entrent dans cette même pièce avec les gardes, on les filme de sorte à ce que la caméra soit la plus près possible du sol et en contre-plongée pour que les perspectives soient déformées et que les hommes fassent tout petit par rapport aux murs. Les escaliers sont tout le temps identiques de chaque côtés ce qui correspond encore au style de ce réalisateur. Cette symétrie, on la retrouve également dans d’autres réalisations de Stanley Kubrick comme Full Metal Jacket et The Shining.

Ce film est un prodige, autant dans l’histoire que dans la réalisation, Kubrick nous offre des détails rien qu’avec les jeux d’ombres, les bruits, les scènes, ce qui fait qu’on devine ce qui va arriver par la suite. Il met en valeur les soldats qui combattent au lieu des généraux qui restent dans leur châteaux.

Pour mettre en scène l’absurdité de la guerre à travers l’opposition entre les généraux et leurs troupes, il n’y a guère mieux que Les Sentiers de la Gloire, réalisé par un homme brillant muni de tout son style.