Lycéens et apprentis au cinéma en Normandie

L’Atelier critique propose aux élèves de Normandie de publier des travaux critiques dans le cadre de l’opération Lycéens et apprentis au cinéma en Normandie. Articles, débats audio, critiques vidéo et créations graphiques sont mis en ligne par les enseignants inscrits afin de permettre aux élèves de partager leur expérience de spectateur et de mettre en débat leurs réflexions sur les films.

Psychose

Alfred Hitchcock - 1960 - Etats-Unis

Critique publiée par Pierre - le 11/03/2019
Classe 506 , Lycée Le Verrier,
Saint-Lô

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psychose : irréprochable !

Quand le suspense et l’horreur se retrouvent dans l’un des plus grands films du maître du suspense, le résultat est forcément très convaincant. Dans Psychose, rien n’est laissé au hasard et chaque détail a sa signification. De plus, rien n’est médiocre mais beaucoup d’éléments sont excellents : la musique, les acteurs, les dialogues ainsi que le montage.
A première vue, l’histoire d’une jeune femme de Phoenix, Marion Crane, qui vole 40 000$ à son patron pour rejoindre son amant à Fairvale afin de résoudre ses problèmes financiers dans le but de se marier ne semble pas très originale. Et bien, méfiez vous, car Hitchcock vous mène en bateau et lui seul sait où vous vous dirigez.
Dans les aspects techniques, il faut tout d’abord parler du montage et notamment celui de la célèbre « scène de la douche » car comment peut-on évoquer Psychose sans parler de cette scène mythique pour l’effroi qu’elle transmet au spectateur ainsi que pour son montage exceptionnel. Il aura fallu 7 jours et 79 plans tournés pour la réaliser mais le résultat ne rend pas vain tout ce travail.
S’il y a bien un élément indispensable au succès de Psychose, c’est la musique de Bernard Herrmann car elle joue un rôle majeur. En effet, elle permet de donner de l’impact ou même de faire monter la pression. Sans elle, certaines scènes seraient beaucoup moins percutantes et l’ensemble deviendrait bien pâle.
L’interprétation des personnages par de bons voire de très bons acteurs contribue également à un grand succès, on pense notamment à Anthony Perkins qui joue merveilleusement bien le rôle de Norman Bates, ce jeune gérant d’un motel pris d’une étrange passion, vivant seul avec sa vieille mère désagréable et hostile dans une maison lugubre depuis 10 ans et qui va accueillir la belle Marion, également très bien interprétée par Janet Leigh, de passage dans son motel. Ces bons acteurs sont renforcés par des dialogues toujours intéréssants, qui ont pour certaines scènes beaucoup de sens et qui parfois cachent même des indices sur le déroulement de l’intrigue.
Quand on dit que rien n’est laissé au hasard, c’est que même les décors ont leur signification. Cela va de simples portraits des parents de Marion et de Marion petite fille qui montrent que celle-ci a été bien éduquée et que maintenant, elle a des remords en regardant la photo de ses parents à des métaphores sexuelles mises en avant par des éléments de décor tels que des tableaux comme Suzanne et les vieillards ainsi que des oiseaux empaillés. En effet, Hitchcock est un réalisateur qui provoque la censure et qui la contourne en montrant le sexe implicitement avec des procédés comme celui des oiseaux cités précèdemment. Car le mot « oiseau » a dans la langue anglaise un double sens qui fait apparaître une toute autre interprétation de certains passages.
Mais Hitchcock ne s’est pas limité à cela, il a aussi joué avec la dualité notamment avec les valeurs : au début, Marion est habillée en blanc, la couleur de l’innocence. Et effectivement elle n’a pas encore volé les 40 000$. Cependant quand elle prépare sa fuite après avoir volé l’argent, ses vêtements sont noirs ou du moins ils sont plus sombres et ils représentent la culpabilité de Marion.
Ce film au succès international est pourtant à petit budget, c’est d’ailleurs pour cette raison que le noir et blanc a été choisi pour le tournage. Cependant, le réalisateur a totalement assumé ces choix comme il l’a fait avec la mise en vente insolite dans les salles de cinéma. Effectivement, Hitchcock a demandé à ce que les spectateurs arrivant en retard à la séance n’aient pas le droit de pénétrer dans la salle. Un acte étonnant de sa part mais quand Hitchcock réalise, il décide de tout au moindre détail. Cela n’a pas empêché les récompenses de tomber : une nomination aux oscars de 1961 et un Golden Globes pour Janet Leigh qui remporte le prix de la meilleure actrice dans un second rôle en 1961.
Quoi que l’on dise, Psychose a marqué l’histoire du cinéma et aujourd’hui encore, certains réalisateurs reprennent le chef-d’oeuvre de Hitchcock pour tenter à leur tour de marquer l’histoire du cinéma.