Lycéens et apprentis au cinéma en Normandie

L’Atelier critique propose aux élèves de Normandie de publier des travaux critiques dans le cadre de l’opération Lycéens et apprentis au cinéma en Normandie. Articles, débats audio, critiques vidéo et créations graphiques sont mis en ligne par les enseignants inscrits afin de permettre aux élèves de partager leur expérience de spectateur et de mettre en débat leurs réflexions sur les films.

Au revoir là-haut

Albert Dupontel - France - 2017

Critique publiée par webmestre - le 11/01/2018
Seconde 5, La Morandière ,
Granville

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Une histoire qui sort des sentiers battus

Pour cette fin d’année 2017, Albert Dupontel nous surprend avec un long-métrage adapté du livre du même nom : Au Revoir Là-Haut de Pierre Lemaître qui nous raconte une histoire étonnante qui suit l’aventure de deux poilus.
En novembre 1920, Albert Maillard est interrogé par un officier de la Gendarmerie française, au Maroc. Dans son discours, Albert nous raconte sa rencontre avec Édouard Péricourt, fils de bonne famille parisienne défiguré par le conflit. Tous les deux, ils montent une une arnaque aux monument aux morts. L’histoire suit également le lieutenant Pradelle, leur ancien lieutenant lui aussi escroc et qui s’est marié à la sœur d’Edouard Péricourt, dont le père règne sur la classe politique parisienne.
Le soldat Edouard Péricourt (Nahuel Pérez Biscayart) rêve d’art et de liberté, à la place il est mobilisé pour la guerre. Après avoir découvert sa nouvelle « gueule » à travers un plateau d’instruments médicaux, sa seule pensée est de mourir. Il devient un homme dénué de goût et d’odorat et son seul rattachement à la vie est la morphine et pour finir l’héroïne. Sa résurrection il la doit à la jeune Loise (Héloïse Balster) cette enfant innocente et bercée de bonté, acceptant et aimant Edouard tel qu’il est. Il décide de créer ses nouveaux visages, à partir de cet instant Edouard n’est plus que le reflet de ces masques et l’ombre de lui-même. Le soldat Albert Maillard (Albert Dupontel) est un homme vieilli par la guerre, après la blessure de son camarade de tranchée il est prêt au pire pour alléger la douleur de son ami. Une crainte l’obsède pendant tout le film, le lieutenant Pradelle devenu capitaine malgré ses crimes de guerre. Un homme aimant la guerre, sûr de lui, coureur de jupons et privilégiant ses intérêts avant ceux des autres, mais la vie le rattrape car sa femme divorce et enfin il meurt sous terre après une vie de manipulations et de crimes.
Pour agrémenter ce film déjà fort en humanité, Dupontel nous offre une parfaite reconstitution de l’époque à la fois envoûtante et perturbante avec des effets sonores et des lumières bien gérés et indispensables à l’ambiance.
Le film nous pose la question suivante : quand s’arrête vraiment la guerre ? Malgré l’armistice, le combat ne s’arrête pas, les gueules cassées continuent de se battre contre le regard des autres et essaient de retrouver une vie normale, ce qui n’est pas le cas d’Édouard qui préfère se cacher derrière ses masques.
Mais les esprits aussi sont touchés:il en est ainsi d’Albert quand il nous apprend que pendant la guerre il n’a appris qu’à taper sur les faibles et c’est ce qu’il met en pratique pour aider Édouard, car après la guerre il y a clairement une non-reconnaissance des anciens combattants qui sont mal logés et dans la misère.
Il y a aussi la relation touchante entre Édouard et son père. Et pour finir il y a l’honneur qui est remis en cause plusieurs fois par Pradelle quand il marche sur les tombes ou encore quand il trompe sa femme.

Erwann Pétrix, Sébastien Provost