Lycéens et apprentis au cinéma en Normandie

L’Atelier critique propose aux élèves de Normandie de publier des travaux critiques dans le cadre de l’opération Lycéens et apprentis au cinéma en Normandie. Articles, débats audio, critiques vidéo et créations graphiques sont mis en ligne par les enseignants inscrits afin de permettre aux élèves de partager leur expérience de spectateur et de mettre en débat leurs réflexions sur les films.

Petit paysan

Hubert Charuel - France - 2017

Critique publiée par webmestre - le 09/11/2017
Seconde 5, La Morandière ,
Granville

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Petit paysan

Ce film traite de la touchante histoire d’un jeune agriculteur à qui il arrive bien des événements tout aussi éprouvants qu’angoissants. Le jeune homme est un petit paysan attaché à ses bêtes dont il s’occupe chaque jour de sa vie. Cependant, il devrait trouver un moyen de les sauver : c’est sur cela que repose le film : comment réussira-t-il à empêcher la mort de ses vaches ?

Ce film nous fait entrer dans une petite exploitation d’une trentaine de vaches qui sera en proie à de nombreux maux. Le réalisme du film est tel que le spectateur, quel qu’il soit, vivra par procuration et de manière intense les joies et les souffrances du jeune paysan. Les frontières entre la vie professionnelle et personnelle de Pierre sont brouillées, toute sa vie gravite autour de ses bêtes.

Une impression d’emprisonnement du personnage est mise en valeur par la tournure circulaire et infernale du film comme une descente progressive dans la folie et l’obsession. Plongés dans l’angoisse, les spectateurs ressentent la solitude du personnage et sa relation avec ses vaches comme emprisonnement mais aussi comme seule source d’amour. Par exemple, deux gros plans de l’œil du personnage et de l’œil de la vache en montage se succèdent nous transmettant l’intensité de leur relation mêlée au désespoir écrasant de leurs regards. Sa ferme représente toute sa vie mais est aussi une sorte de piège dont il ne peut sortir, les péripéties s’accumulent en crescendo de manière inéluctable comme un compte à rebours donnant un rythme rapide qui affole le spectateur.

Ce film nous interroge sur la place de l’agriculteur dans la société. La détresse et la solitude du personnage s’ajoute au manque de reconnaissance de son métier. Le paysan s’agite vainement contre les interventions du monde extérieur, vu comme une menace. Le film nous donne à voir les difficultés d’un métier incompris où l’affectif se mêle au professionnel. La fatalité se répand comme un venin, enfermant le paysan dans une solitude accablante, et rendant visible l’incompréhension et l’impuissance de celui-ci face à une société menaçante. Le spectateur prend alors conscience que le métier de paysan ne se résume pas à l’impératif du rendement mais qu’il implique une grande dimension affective.

Donc, bien que très morose ce film amène une réflexion essentielle et rend compte de la vie de paysan souvent inconnue. Cela nous oblige à accroître notre empathie et à considérer les agriculteurs comme remplissant un rôle important dans notre société. Ce film nous permet de comprendre le silence et parfois l’inaccessibilité de ces paysans souvent mal considérés.

Loïse Alberti